Ce que nous laissons derrière nous sont des traces de notre passage en ce monde. Mais les traces survivent dans les esprits après la disparition physique de notre corps, remplaçant ou cohabitant avec d’autres traces, formant cette superposition de faits et de fictions que l’on nomme Histoire. Notre mémoire est celle qui fabrique ces traces impérissables, celle qui en assure la continuité, elle est ce magicien qui concilie notre espoir de réussite avec ses conséquences. Les traces de notre corps sont les assertions les plus singulières et objectives de notre être. Elles sont la marque indélébile d’un moment indéniable, capturé sur le photogramme : voilà comment nous étions. Mais ces traces qui perdurent dans notre mémoire acquièrent de nouvelles caractéristiques. Elles évoluent et se transforment dans notre esprit par l’action de réseaux de neurones qui sélectionnent une histoire plutôt qu’une autre. C’est ainsi que nos désirs sont singularisés, que notre présent devient objectif et notre pensée critique. Notre esprit crée un équilibre entre le réel et l’imaginaire, entre le concret et le possible.
Traces présente des images qui varient entre d’indéniables silhouettes capturées à un moment ayant nécessairement existé et ces « possibilités » que notre esprit a la capacité d’imposer, représentées par des images de neurones. Le drame de la multiplicité de notre pensée et de la singularité de notre présent est intensifié dans ces travaux par la retouche (à la main) de chacune des œuvres par un procédé alchimique consistant à remplacer l’argent par du sélénium, du fer, du soufre ou du cuivre…
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